PARCHAT BEHA'ALOTEHA
PESSAH CHENI - LE DEUXIEME PESSAH
M. Eric Karouby
Dessinateur en bâtiment et travaux public, Marseille
Après qu'Hachem, D., ait dit à Moché que les Enfants
d'Israèl doivent apporter un korban Pessah, un sacrifice
pascal, le 14 du mois de Nissan, certaines personnes, touchées d'impureté
(et ne pouvant ainsi pas accomplir cette mitsvah ) se sont présentées
devant Moché en disant : "Nous sommes impurs, mais, lama nigara,
pourquoi serions nous diminués de nos frères, ne pouvant
pas faire le korban Pessah à son temps."
Le Orah Haïm, relève que la réclamation de ces gens
est étonnante puisqu'eux mêmes précisent bien pourquoi
-nous sommes impurs - ils ne peuvent pas amener le sacrifice. A priori
on voit donc mal leur problème.
Vayihyou anachim teméim, il y avait des personnes impures
- qui étaient ces personnes?
La guemara Souca nous donne deux avis à ce sujet :
-
Ces personnes avaient été choisies pour porter le cercueil
de Yossef, fils de Ya'akov, enterré en toute splendeur royale en
Egypte mais qui avait prié pour qu'on ne quitte pas le pays en l'y
abondonnant.
-
Ils avaient trouvé sur leur chemin un met mitsvah ; un mort
sans famille, et il leur revenait impérativement de s'occuper de
son enterrement.
En tous cas, d'après les deux opinions, leur touma, leur
impureté, provenait du fait qu'ils étaient en train d'accomplir
une autre mitsvah, et nullement d'une négligence quelconque
de leur part.
Ainsi, le Sforno propose la lecture suivante du verset : "Nous avons
été choisis, en effet, pour accomplir une grande mitsvah
(l'accompagnement de Yossef ou l'enterrement d'un mort abandonné)
ce qui nous a rendus impurs malgré nous. Pourquoi alors, cette mitsvah
même nigara, 'nous diminue-t-elle,' en nous empêchant
d'apporter le sacrifice de Pessah en son temps ?
A présent, avec ce que nous venons de voir, nous pouvons mieux
cerner le 'problème' de ces personnes, qui est peut-être souvent
aussi le notre!
Car, régulièrement nous sommes confrontés à
des situations qui à nos yeux nous empêchent de réaliser
d'autres ambitions que nous jugeons meilleures pour nous puisque
d'autres arrivent à les réaliser.
Et à ce moment là, monte en nous une sorte de révolte
: "lama nigara", pourquoi serions nous diminués par rapport
aux autres ? Et nous pouvons admettre que c'est bien cela que ces personnes
ont exprimé à Moché.
Mais, cette réaction, est-elle légitime et justifiée
?
Si nous examinons le cas dont parle la Torah, les personnes concernées
pouvaient accomplir la quasi totalité des mitsvoth de la
fête de Pessah, sauf cette une : le korban, le sacrifice.
Le terme lama nigara, qu'ils ont employé -pourquoi sommes-nous
diminués - semble démesuré, car, à cause d'une
seule prescription ils se sont sentis totalement à l'écart
des autres !
Et cela aussi risque, trop souvent, d'être notre problème
car combien de fois on ne voit point tout ce qu'on possède et tout
ce qu'on a dans les mains, pour restés 'braqués' sur ce que
l'on n'a pas !
Or, il n'y point de hasard dans la vie. Qu'il s'agisse du quotient
intellectuel, des biens matériels ou de l'endroit où on vit.
Tout cela est minutieusement 'calculé' par Hachem et il nous revient
de nous accomplir avec toutes ces données qui ne sont pas forcément
les mêmes que celles des autres.
Bienque ayant justement accompli une mitsva majeure, D. a mis
ces personnes dans une situation dans laquelle ils ne puissent pas apporter
le korban Pessah à son temps. Mais on constate tout de même
que les aspirations sincères et honnêtes peuvent néanmoins
avoir une suite. Car, ici dans la Torah, Hachem va proposer à ceux
qui étaient donc dans l'impossibilité d'accomplir cette mitsvah,
de la réaliser encore ultérieurement. Et, ainsi, leur ambition
aura généré la mitsvah de Pessah Chéni.
C'est à dire la possibilité d'apporter ce même sacrifice
le 14 du mois qui suit Nissan.
Que D. aide chacun de nous à se réaliser pleinement et
à trouver son épanouissement et sa propre spécificité
avec ses propres kélim, avec son propre patrimoine.
© Centre d'Etudes Juives Ohel Torah
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