PARCHAT LEKH LEKHA

LE CHEMIN D'AVRAHAM

extrait du livre "Hechbone Hanefech" Rav Mendel Yeouda Leiv

 
 

Mr Chlomo Kessous
Marseille

Lorsque nous marchons près d'un champ, nous pouvons observer d'un rapide coup d'oeil, les épis dressés les uns contre les autres. Aucun d'eux n'a la force de bouger même d'un cheveu. Sous la pression d'un petit souffle d'air voilà que les épis jusque là immobiles se mettent à onduler comme le font les vagues de la mer ne pouvant se permettre d'opposer aucune résistance volontaire. Une fois le souffle d'air passé, les épis reprennent sagement leur position avec obéissance absolue.
Le Ramhal, que son souvenir soit une bénédiction, nous explique que l'homme est formé de deux êtres imbriqués l'un dans l'autre, qui aspirent tous deux à combler les désirs de leur nature complètement opposée.

Ainsi, comme le brin d'herbe, notre âme animale dénuée de réflexion et de volonté propre, ne peut ni se déplacer, ni s'arrêter à son gré. Elle est soumise sans mot dire et sans délai aux moindres "vents de désir", ou de souffrance qui l'éveillent, que ces pulsions soient naturelles ou apprises par répétition (réflexe de Pavlov pour les connaisseurs ! ). Cet éveil durera jusqu'à rassasiement de la pulsion après quoi, elle somnolera à nouveau dans une torpeur paresseuse et ne s'éveillera que par l'excitation d'une nouvelle pulsion.

En présence de deux vents contraires c'est le plus fort qui l'emporte. Elle n'a pas la force de repousser "le petit plaisir de maintenant" même si cela doit lui coûter "la grande souffrance d'après", car elle n'a pas de sagesse pour voir ce qui découle de ses actes (elle n'a donc pas la notion : "investir ici au profit du monde futur"). Elle ne voit qu'à travers des yeux de chair qui ne voient que ce qui est proche dans l'espace (c'est pourquoi on éloigne de nos yeux les plats pour atténuer une tentation). Elle ne comprend ni ordre positif, ni ordre négatif car elle n'a aucun libre arbitre, la Tora ne peut pas la concerner. Bien plus encore, si on l'éveille plusieurs fois pour une même mitsva, elle le fait de mauvais coeur. Il n'y a que l'attrait du plaisir, la peur de la souffrance et l'habitude qui lui font pression, et en leur absence, elle dort d'un sommeil paisible et durable.

L'homme à sa naissance est à peu de choses près, un véritable animal, car tous ses faits et gestes ne sont que réflexe (sa nature va en se renforçant jusqu'au jour de sa mort). Mais dès lors, les prémices de l'Intellect commencent à se dévoiler en lui, son esprit d'initiative, de sagesse, de sagacité, fait de lui un être doté d'un libre arbitre précieux qui font de ses agissements des actes voulus et orientés dans un but précis. Il commence alors à s'opposer aux petits vents de désir animal qui surviennent alors. Il entrevoit les conséquences de ses actes. Débutent alors les jours où l'enfant prend plaisir à faire du "hessed" (acte de bonté), à comprendre, et s'il s'empresse de faire grandir "cet enfant" avec force et sagesse, pour renforcer son aspiration à découvrir et à faire découvrir la grandeur divine, à reconnaître ses bontés et les dispenser à ses créatures, alors bien que sa force soit faible et de courte durée face à sa bête il pourra à la façon du cavalier, diriger sa monture dans des chemins scabreux,

Imposer à "sa bête" les travaux les plus durs, et l'amener à un service divin parfait. Grâce à sa ruse, il pourra préparer toutes sortes de tactique pour le tromper, lui faire peur avec les Maximes de nos Pères comme : "celui qui se met en colère est comme s'il faisait de l'idolâtrie" afin de corriger ses défauts naturels et d'acquérir les qualités qui feront de lui un être qui tend vers la perfection...

Au su de ces principes, il appartient à tout un chacun d'éduquer avec patience et assiduité, constance et ténacité "sa bête", comme le fait l'homme qui se rend "maître de son monde" en éduquant l'éléphant à déplacer des troncs, le boeuf à labourer, les faucons et les chiens à chasser.., comme il est écrit dans Beréchit 1/26 "...et ils domineront les poissons, les oiseaux du ciel, les animaux domestiques...". "L'habitude est une seconde nature" et "l'eau use la pierre".

Voici donc l'invitation qu'Hachem fit à Avraham "va-t-en, de ta terre, de l'endroit où tu es né, de la maison de ton père", quitte ton contexte, les habitudes de ton enfance, (tout ce qui t'influence, te fait pression, et ne te conduis pas à mon service) et suis les chemins que je te montrerai, "va vers la terre que je te montrerai..."


© Centre d'Etudes Juives Ohel Torah

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