Mr. Nissim Meyer
Gémmologue Marseille
Introduisons immédiatement
notre sujet par une question : que distingue le membre du grand banditisme
organisé du simple voyou agissant seul ?
Relevons pour cela que dans le crime
organisé, comme la mafia, il y une très forte insistance
sur des valeurs comme celles de la famille, le respect des parents et un
code d'honneur, il y a même des lois religieuses, l'entraide et l'unité.
Cette remarque nous aide à distinguer les deux parties de la paracha.
L'histoire de la Tour de Babel est celle de la faute collective et celle de No'ah de la faute individuelle.
Mais tentons d'analyser les données et l'arrière-histoire de plus près : Cena'an, fils de 'Ham, (maudit par son père No'ah) enseigne à ses fils les principes suivants : "Aimez-vous entre vous, aimez le vol, soyez dépravés, haïssez les maîtres et aimez le mensonge." [Midrach]
Esav, fils aîné de Jacob, plus tard, suivra cette ligne de pensée, il sera le symbole de la dépravation totale, mélangée au respect exemplaire des parents.
L'époque de Nimrod et de la génération de la Tour de Babel, est décrit dans le texte de la Torah comme une période où toute la terre était particulièrement unifiée: devarim a'hadim = littéralement des paroles uniques. Rachi commente ce fait de la façon suivante : L'expression "paroles uniques" veut dire un "projet commun".
On peut certes trouver chez Nimrod les qualités qui ont fait de lui un des premiers politiciens et publiciste de l'antiquité. Il a réussi (1) à unir (2) sa génération dans un projet contre (3) Hachem !
Il me semble qu'on puisse établir une sorte d'équation : réussite+unisson+contre=recherche du plaisir impuni.
Essayons de disséquer l'ineptie.
La réussite procure un plaisir incontestable, car elle est tout simplement un don divin.
L'unification des hommes est certainement aussi un projet divin et donc un des accomplissements des plus positifs.
Toutefois, le "contre", - et d'autant plus le "contre Hachem" - est une attitude du plus négatif et manifestement méprisable et de ce fait punissable.
En fait, Nimrod et sa génération savaient combien grand était leur potentiel, ainsi ils se sont donné comme tâche une mission immense : celle d'un nouvel espoir après le maboul, le déluge dévastateur, et, à travers leur force exceptionnelle d'unisson ils ont prêché la compréhension du prochain et ils ont élaboré un projet gigantesque en commun, impliquant toutes les Nations et tous les individus !
Seulement, tout ceci aucunement pour réveiller la présence d'Hachem, mais, tristement, justement contre Lui...
C'est donc que dans le fond ils n'avaient strictement rien retenu et rien appris de la catastrophe qui avait frappé la génération précédente.
Mais, comment des hommes intelligents pouvaient-ils croire pouvoir agir contre Hachem ?
Rav Dessler explique dans Mikhtav Eliahou (vol. 3) que Nimrod a été dupé par son propre yetser hara (mauvais penchant).
Ainsi sa propre intelligence lui a fait miroiter que la science peut expliquer tout et qu'elle (la science) est capable de donner même la raison du déluge et ce, en tant que cataclysme tout à fait naturel.
Que donc avait expliqué la science de cette génération ? Que la nature n'a que des lois immuables et (comme rapporté par Rachi) que le maboul n'était au fait rien d'autre qu'un phénomène naturel qui se produirait tout les 1656 ans (âge de la terre lors du déluge). Leur tour serait donc le pilier destiné à combattre la catastrophe sensée s'abattre prochainement sur la terre.
Toutefois, le fond de ce raisonnement scientifique découlait purement du désir de pouvoir s'écarter d'Hachem, afin d'être sans aucune contrainte et de pouvoir librement jouir de tous les plaisirs terrestres.
En fait, les miracles renforcent celui qui a confiance en Hachem et accepte Sa souveraineté en cherchant à se renforcer. A l'opposé, ne pas croire est aussi un travail immense ca il faut faire taire l'âme (qui veut se rapprocher d'Hachem). Cette attitude est symbolisée par la 'avoda zara, l'idolâtrie de la tour de Babel, où on brandissait une épée pour lutter contre le ciel.
Certes, nous aussi nous luttons chaque jour, mais sommes-nous sûrs de bien canaliser cette lutte et de canaliser nos forces pour nous débattre réellement dans le bon sens du service divin. Il en est toujours que la majorité des panneaux publicitaires nous proposent justement de nous "rallier" pour la course au plaisir et la poursuite des valeurs éphémères !
En ce qui concerne la notion du plaisir impuni évoqué plus haut, nous pouvons relever que la stratégie de Nimrod consistait à exploiter le fait qu'Hachem récompense le "hessed", la bonté, même intéressée. Or, Hachem a agi en les divisant dans la base même de leur unité, c'est à dire la langue. Et puisque les 70 Nations avec Nimrod ne voulaient pas servir Hachem, ils devraient confronter le joyau Israël, comme nous le dit le verset dans parchat Ha'azinou : behan'héle 'elyon goïm... Bené Israël. - Quand Hachem a fait hériter les Nations et quand Il a fait une séparation, Il a établi les frontières des peuples selon le nombre d'Israël.
Rav Dessler commente le fait que la Torah nous précise que l'ancêtre Jacob est arrivé en Egypte avec "70 âmes", c'est pour nous faire savoir que le peuple juif a comme tâche de réparer ce que les 70 Nations de la génération de la dispersion n'ont pas voulu affronter.
Josiane Cammy zal, lebeth Yi'hia Meyer. |