Rav Yitshak Jessurun
Le mot pour l’ouverture, patah, est également le nom d’un des signes des voyelles. L’hébreu, comme toutes les langues sémitiques, ne connait pas réellement de voyelles dans l’écriture de texte. Toutefois, il existe pour chacun de ces sons des signes spécifiques et la prononciation du patah correspond à notre "a". Il porte ce nom car ce son nécessite une prononciation très articulée, de sorte qu’on est obligé d’ouvrir grand la bouche et de là son nom, patah.
Par contre pour énoncer le son d’une autre voyelle, le quamats, il faut justement contracter la bouche. Et quamats signifie renfermer.
Dans le sixième des Dix Commandements nous lisons l’interdiction de tuer : lo tirtsah. La prononciation habituelle du mot tirtsah , tuer, est avec un patah (ta'am ta'hton). Cependant, pour des raisons d’ordre grammatical, lors de la récitation publique du Décalogue dans les synagogues, (ta'am 'elyon) la lecture se fait avec le quamats. Dans la massoreth, la transmission orale, les deux lectures existent en parallèle.
Selon le commentaire du Ga’on de Vilna ce phénomène fait
allusion aux membres du Sanhedrine, le Tribunal. Par la puissance
exceptionnelle de leur verdict, ils sont tout particulièrement concernés
par l’avertissement du meurtre. Notamment par l’utilisation du langage
: en parlant, et donc par l’ouverture de la bouche (patah) mais
aussi en se taisant, par la fermeture de la bouche. En parlant, lorsqu’un
élève qui n’est pas encore entièrement apte à
la haute juridiction, (talmid chelo higi’a lehora’a) se trompe et
condamne une personne innocente. Par le silence, par l’absence de parole,
(quamats)
lorsqu’un juge compétent, ( chéhi’gui’a lehora’a ) qui
aurait pu faire acquiter l’innocent, refuse "modestement" de siéger
au Tribunal !